Sur un banc ... - Pv Yukia Sakura

Voilà, je errais dans se nouveau monde... seule. Je passais mes journées à observer ceux qui passaient, qui s'arrêtaient et ceux qui comme moi se perdaient. Chaque être figurant en ces lieux était particulier, mais en quoi ? Je m'étais découvert un caractère plus affirmé que dans ma vie humaine, une chevelure bleu allant parfaitement avec mes yeux et parfois lorsque je souris deux canines s'allongent. J'ai découvert que la nourriture basique me répugne, que l'odeur du sang m'attire et m'excite sans que je puisse contrôler mes pulsions. Rien de bien rassurant pour le moment je vous l'accorde. Je commençais à prendre mes marques, je errais dans le quartier Neutre de cette ville... N'ayant pas connaissance de tout ce qui m'entourait, je préférais jouer la carte de la sécurité. En parlant de carte, je joue avec un jeu depuis mon arrivée. Je bats les cartes, je les fais tournoyer entre mes doigts avec une certaine agilité, bref je ne le quitte pas. Allez savoir pourquoi ? Après m'être échouée dans ces rues j'avais trouvé un emploi en tant que serveuse et danseuse dans une boîte de nuit. Je m'y plaisais pour le moment, y passant toute mes nuits c'était le seul instant de la journée que je passais en dehors du territoire neutre. D'après ce que j'avais comprit je me situais dans le quartier Ouest, que les quartiers correspondaient à des clans et pour le reste c'était encore un mystère pour moi. L'on m'avait aussi fournis de quoi me vêtir, le look n'était pas parfait mais il me contentait. Je portais un débardeur blanc, une jupe noire, une paire de chaussette blanche et une paire de chaussure noire. Je ressemblais à une écolière, c'était à la fois sobre et sexy... un bon début. Le pire était que j'avais l'air innocente.

Ce matin là il faisait une chaleur agréable, la température devait avoisiner les 28°C et le soleil brillait déjà depuis la rosée. J'appréciais la chaleur douce des rayons sur ma peau, j'avais décidé d'aller faire des emplettes. Le quartier commercial me semblait être une judicieuse idée, puis si je décidais de m'installer dans un coin je pourrais toujours continuer d'observer, d'espionner les conversations et m’instruire sur mon environnement. Pour information mes achats ne risquaient pas d'être nombreux, je n'avais pas encore été payé pour mon travail de danseuse et serveuse mais comme je venais de commencer rien de bien étonnant. Je disposais d'une sommes dérisoire, nous appellerons cela du repérage pour le coup. Après m'être baladée plus d'une heure, j'avais décidé de m'asseoir sur un banc. Je profitais du soleil, je papillonnais sans vraiment me soucier de ce qui m'entourait. C'est un léger déplacement d'air qui me fit tourner la tête, une jeune femme c'était assise à côté de moi, je la fixait sans vraiment m'en apercevoir. Mon regard devait se faire insistant et pour ne pas paraitre désobligeante, je lui offrir un sourire :

-Bonjour, c'est une belle matinée vous ne trouvez pas ? Vous faisiez les boutiques ?

Je lui avais adressé quelques mots. Une raison bien étrange m'avait poussé à entamer le dialogue. J'étais habituée à servir mes clients, néanmoins j'étais bien trop méfiante pour engager une conversation en dehors de mon travail. Comme quoi parfois il y a des exceptions.

*Bon. Aujourd'hui, direction le centre commercial. Va falloir que me fasse connaître, dans ce monde...*

J'enfilais ma cape rouge bordée de noir, par-dessus ma large jupe rouge. Mon collier, ne me quittant jamais, fut accompagné d'un ras le coup noir, assorti à mes mitaines et mes bas.
Je vérifiais que tout était fermé, puis je sortis du château, qui me servait de demeure. J'avais été choisie comme cheffe du clan des peintures, et posée dans cette forteresse, dont je disposais comme bon me semblait.
Je n'avais pas beaucoup à marcher pour arriver au centre commercial. A peine 10 mins plus tard, j'arrivais dans un parc. Un banc libre m'attendait. Et même si je n'avais fait que 10 mins de marche, je décrétais que ses jambes avaient bien assez souffert comme ça.
Oui, cela ne faisait pas plus de 3 jours que j'étais en possession de mon nouveau corps. Et pendant ces trois jours, je n'étais pas sortie de sa forteresse et donc, par conséquent, n'avais pas autant fait marcher mes jambes.

-Bonjour, c'est une belle matinée vous ne trouvez pas ? Vous faisiez les boutiques ?

-Oh, hein ?

Ma grande cape, réduisant mon chant de vision, m'avait caché la venue de cette jolie jeune femme. J'étais assez étonnée que quelqu'un m'adresse la parole, vu le look que j'avais adopté. Si quelqu'un avait été habillé de la sorte, je savais que je ne l'aurais jamais approché.
En tout cas, ce qui était sûr, c'est que la demoiselle venait de me poser une question, et une invitation aussi gentille est spontanée que celle là ne pouvait être refusée, même par la personne la plus luciférienne du monde. Enfin.. Du sous monde.
Je retirais sa capuche de mes deux petites mains, puis je les calais sous mes cuisses. Malgré la hauteur du banc, mes pieds ne touchaient pas le sol et je laissais mes jambes se balancer librement dans le vide.

-Mmh... Bonjour. Vous avez raison, c'est une très belle matinée, comme vous le dites si bien. Non, je ne faisais pas les boutiques, je me dégourdissais les jambes... C'est la bonne journée pour se promener, je trouve.
Et vous, que faites vous, ici, si tôt ?

Je sais. Je ne suis pas très... Entreprenante. Mais vu mon métier, mieux valait se faire le moins d'amis possible. Je ne voulais pas trahir l'amitié que je porterais à certaines personnes en dévoilant leurs doubles vies...

La jeune femme vêtue de rouge m'amusait beaucoup, elle ressemblait à une héroïne de conte pour enfant. Je n'aurais jamais eu l'idée de mettre un pareille accoutrement pour sortir mais pour un bal ou une soirée déguisé, il ferait très bien l'affaire. J'avais décidé de passer outre son look hors du commun et je l'avais abordé avec gentillesse. Il était rare de me voir engager la conversation mais être méfiante ne voulait pas dire rejeter tous le monde. Elle parut surprise que je lui parle et cela me fit sourire, je souriais. Quand elle retira sa capuche, je découvris une jeune femme au teint coloré, la vision était plaisante tout autant que surprenante mais je ne le montrait pas. J'affichait toujours un sourire radieux et amicale à l'égard de cette jeune femme. Elle me faisait penser à une enfant qui balançait ces jambes car ces pieds ne touchaient pas le sol, elle avait tout d'une enfant, je m'interrogeais sur son âge quand sa voix me sortie de mon univers:

-Mmh... Bonjour. Vous avez raison, c'est une très belle matinée, comme vous le dites si bien. Non, je ne faisais pas les boutiques, je me dégourdissais les jambes... C'est la bonne journée pour se promener, je trouve.
Et vous, que faites vous, ici, si tôt ?

Je m'apprêtais à lui répondre, tout en m'adossant contre le banc je ne la quittait pas des yeux. J'avais tant de choses à savoir, à demander et à comprendre. Je tenter de juger si elle pourrait m'aider ou non. Bref, je devais délier ma langue sinon elle finirait par s'en aller.

-Oui, douce et agréable. Se dégourdir c'est une bonne chose, vous avez eu raison de profiter de cette journée pour le faire. Ici, le temps change si vite qu'il faut savoir apprécier le soleil quand il est présent.

Je marquais une pause pour reprendre ensuite:

-Moi... Je flânais. Je me suis permise de visiter un peu le quartier et de faire les boutiques. Fautes de moyen... je n'ai pu que regarder. Je viens d'arriver dans ce monde et je commence juste à travailler du coup je n'ai pas encore touché de salaire.

Je fermais les yeux pour savourer la sensation que procurait les rayons du soleil sur ma peau. Je remis une mèche de mes cheveux en place et je me laissais porter par la tranquillité de l'endroit. Ou bien était ce le calme apparent de la demoiselle à mes côtés qui me faisait cet effet ? Je m'en fichais, je me sentais bien et c'était le principale. Je me redressais subitement et me penchais vers elle.

-Quel âge as-tu ? Enfin, si ce n'est pas trop indiscret et personnel comme question.

Je ne savais pas me retenir. Dès que quelque chose effleurait mon esprit, il fallait que ça sorte! C'était un comble. Je me grognais dessus intérieurement et espérais qu'elle ne prenne pas mal ma question. Je décidais donc de m'arrêter là avant de la faire fuir.

-Oui, douce et agréable. Se dégourdir c'est une bonne chose, vous avez eu raison de profiter de cette journée pour le faire. Ici, le temps change si vite qu'il faut savoir apprécier le soleil quand il est présent. Moi... Je flânais. Je me suis permise de visiter un peu le quartier et de faire les boutiques. Fautes de moyen... je n'ai pu que regarder. Je viens d'arriver dans ce monde et je commence juste à travailler du coup je n'ai pas encore touché de salaire.

Le ton de sa voix était doux et calme.. A croire qu'elle était tout le temps comme ça avec tout le monde. J'avais l'impression que cette jeune femme profitait de chaque instant de sa deuxième vie, et également de tous les bons moments qui s'offraient à elle. La demoiselle aux cheveux bleus venait de fermer les yeux et de relâcher tous les muscles de son corps. Sûrement pour profiter du soleil. Je fis de même. Je n'avais jamais vraiment pris le temps de faire ça dans le monde du dessus. Avec un boulot comme le sien, c'était un peu difficile.. Mon interlocutrice se redressa brusquement pour pencher son joli visage vers elle.

-Quel âge as-tu ? Enfin, si ce n'est pas trop indiscret et personnel comme question.

Vu l'expression que son faciès venait de prendre, elle s'auto-engueulait intérieurement. C'est vrai que sa question était indiscrète, mais pour moi, petite fouineuse, peu importait.

-Si je me souviens bien, j'ai 20 ans... Je suis désolée d'être si floue, mais tu sais ce que ça fait d'atterrir ici. Il faut du temps pour que tout ce remette en place !

Pendant que je parlais, j'avais détourné son regard océan, et fixais maintenant le sol. Je me sentait tellement bête d'avoir dit ça ! Qui ne se serait pas senti débile à l'idée d'avoir oublié son âge ? Enfin, passons. Au bout d'un bon moment, fixant toujours ses pieds, je me décidais enfin à poser une question à la demoiselle qui me tenait compagnie :

-Moi aussi, j'aimerais savoir quelque chose sur toi. D'abord, ton prénom... Et puis ton âge, aussi. Mais bien sûr, si tu n'as pas envie d'y répondre, ce n'est pas grave..

Évidemment, j'aurais bien voulu que la jeune femme réponde... Mais demander le prénom d'une personne que l'on connaissait depuis moins d'une heure, ce n'était pas très poli...

Je me trouvais toujours sur ce banc en compagnie de cette jeune femme au regard bleu et à la peau couleur chocolat. Elle ne semblait pas offensé par ma question et cela me rassura, je n'avais pas envie de la contrarier, ni même de paraitre impolie ou envahissante. Je souriais donc continuellement pour adoucir la ferveur des mon interrogatoire, je ne faisais que satisfaire ma curiosité après tout. Pourquoi son âge? Car elle me semblait petit, jeûne et un peu fragile je dois bien l'avouer. J'avais assez d'expérience pour savoir qu'il ne fallait pas se fier aux apparences et qu'un corps qui à première vue paraissait innocent pouvait renfermer une grande puissance. Je n'étais pas sur la défensive, je me détendais car elle ne m'inspirait pas de craintes, pas de dangers potentiel et à l'entendre me répondre mes suppositions se révélèrent juste.

-Si je me souviens bien, j'ai 20 ans... Je suis désolée d'être si floue, mais tu sais ce que ça fait d'atterrir ici. Il faut du temps pour que tout ce remette en place !

Elle avait détourné les yeux pour les poser sur le sol. Il n'y avait rien d'intéressant à regarder par terre et pourtant... Je souris, amusée. Comme ça elle venait d'atterrir ici, comme moi. Ce ne serait pas la source d'information sur ce monde que j'espérais mais je la trouvais plaisante. Avant que je ne puisse lui répondre elle avait retrouvé un peu de vigueur et faisait preuve de curiosité à son tour.

-Moi aussi, j'aimerais savoir quelque chose sur toi. D'abord, ton prénom... Et puis ton âge, aussi. Mais bien sûr, si tu n'as pas envie d'y répondre, ce n'est pas grave...

Alors qu'elle se réveillait pour m'interroger, un étrange comportement de conciliation prenait le dessus. Si je ne voulais pas lui répondre j'avais le droit mais elle mourrait d'envie d'en apprendre plus à mon sujet. Une femme qui négociait, elle désirait mais laissait une échappatoire. Elle avait un comportement neutre. Je n'effectuais pas ce genre de pirouette pour éviter de paraitre amicale et c'est peut-être pour ça que je ne possédais pas beaucoup d'amis. J'inspirais profondément et expirais dans un sourire.

-Le fait de regarder le sol ne va pas t'aider à avoir confiance en toi. N'es pas honte de toi même c'est le meilleur moyen pour que les autres aient honte de toi. C'est un bel âge que d'avoir 20 ans, je trouves.

Je lui offrit ces mots comme un conseil. Un conseil de douceur pour une âme que je trouvais charmante. Je lui relevais alors le menton du bout de mon index.

-Ne baisses pas les yeux. Tu n'as pas à être soumise.

J'allais répondre à ces questions juste pour le plaisir d'observer ces réactions. Peut-être qu'elle reprendrait confiance en elle. Qu'elle savourerait cette prise d'information et qu'elle renchérirait. Je ne savait pas à quoi m'attendre mais une chose était certaine... elle ne me ferait pas de mal et je ne lui en ferait pas non plus. Je commençait à bien l'aimer cette petite.

-Pour tout te dire, il me semble avoir vingt quatre années et je me nomme Rose. Et toi ? Comment te nommes-tu ? Je viens moi même d'arriver, nous pourrions peut-être échanger nos connaissances sur notre nouvelle vie, si tu es d'accord!

Je lui souriais toujours et j'enlevais mon index de son son menton. Je la laissais reprendre le contrôle de son corps et j'avais hâte de voir ce qu'elle allait faire et même me répondre. Je jouais son rôle. J'avais prit un ton neutre, plaisant et je m'exercer à être conciliante. Je lui laissais une échappatoire, je ne la dominais pas et je n'étais pas non plus soumise... J'avais quelques soucis avec la soumission depuis que j'avais changé de caractère. Alors que je la dévisageais comme pour m'imprégner de ces traits, je replaçais la mèche de ces cheveux qui s'était mise à pendouiller négligemment. Moi j'avais des mèches rebelles mais pas elle, je la trouvais plus appréciable avec les cheveux bien en ordre.

-Le fait de regarder le sol ne va pas t'aider à avoir confiance en toi. N'ai pas honte de toi-même c'est le meilleur moyen pour que les autres aient honte de toi. C'est un bel âge que d'avoir 20 ans, je trouve.

La jolie jeune femme n'avait pas tort. Le fait de me rabaisser devant les autres ne m'aiderait qu'à les éloigner... Et pour l'instant, ne m'étant pas fait de réputation (qu'elle soit bonne ou mauvaise), il fallait bien que je me familiarise avec cet endroit assez particulier... Et les morts vivants, dont je faisais maintenant parti, qui y habitaient. Une ou deux connaissances ne pouvaient me faire que le plus grand bien, après tout.
Mon menton fut soudain soulever, pour que mon visage ce retrouve en face de celui de mon interlocutrice.

-Ne baisses pas les yeux. Tu n'as pas à être soumise. Pour tout te dire, il me semble avoir vingt- quatre années et je me nomme Rose. Et toi ? Comment te nommes-tu ? Je viens moi-même d'arriver, nous pourrions peut-être échanger nos connaissances sur notre nouvelle vie, si tu es d'accord!

Rose. 24 ans. A présent, j'avais presque confiance en elle.
En tout cas, elle, m'avait redonné du poil de la bête. Je redressais mon dos et fronçais légèrement les sourcils, à présent.

Un peu étonnée par son geste, je battis des paupières avant de secouer la tête, histoire de traiter toutes les informations que mon cerveau venait de recevoir. Une mèche, rebelle, pendouillait depuis un bon bout de temps sur mon visage. Apparemment Rose l'avait remarqué aussi, puisqu'elle tendit la main jusqu'à mon visage pour le remettre en place, derrière mon oreille. Je détaillais le visage de Rose.. Ses yeux, à la couleur des nuages, ne cessait d'afficher une lueur... Combattante, ferme et déterminée. Mais le plus étonnant, c'est que malgré cette lueur, son regard restait incroyablement doux et chaleureux. Son nez était assez petit et se rehaussait légèrement. J'avais une folle envie de passer mon index sur son arrête, mais je me retins, pour ne pas paraître trop.. Familière. Et pour finir, je tombais sur sa bouche, composé de deux lèvres fermes. Celles-ci se courbaient en un petit sourire malicieux, qui devait renfermer bien des pensées. D'ailleurs, en la regardant de plus près, je pouvais constater qu'elle avait presque la même particularité que moi. La seule différence était que je ne possédais qu'une seule fossettes à la joue gauche et que celles de Rose, se creusaient délicatement dans ses deux joues.

-Je pensais que nous aurions une plus grande différence d'age. Tu me parais tellement plus sage, plus adulte ! Enfin, en tout cas, je me nomme Yukia. Appelle-moi comme bon te semble ! Je trouve que c'est une très bonne idée que tu viens d'avoir. Étant donné que nous sommes toutes les deux adultes, pourquoi n'irions nous pas faire faire un tour, toutes les deux dans la galerie ?

Sans lui laisser le temps de répondre, je sautais du banc, me retrouvant les pieds au sol. Je m'étirai vite fait, dos à Rose, avant de faire volte face. Je la regardais dans les yeux, et tendis ma main vers elle.

-Alors ? Me feras tu l'honneur de m'accompagner, Rosy ?