we'll make 'em fantasize [Libre]

« La détonation bruyante de ma fin, je l’entends encore ; un grondement semblable à celui d’un millier de coups de tonnerre. Une simple pression de l’index ; si brève, si rapide. Une explosion. Des étincelles et de la poudre projetée contre mon crâne qui explosait. Je crois me souvenir que cette-même poudre était brûlante, ou alors c’était la balle me traversant la peau ; je ne sais pas et je ne saurais jamais de toute façon. Et je me souviens m’être souvenu. Ce n’est pas une métaphore, non, je suis presque sûr de m’être souvenu de toute ma vie. Comme la légende le dit, j’ai cru voir ma vie défiler devant mes yeux, en vérité, j’ai sûrement dû halluciner, et par un miracle du hasard, je dois être maintenant dans le coma, sinon comment pourrais-je me souvenir de ce que j’ai fait et de ce qu’il s’est passé ? » Oui, c’est même évident, il n’y a pas d’autre solution pour qu’il soit toujours là, pas vrai ? Oh, si seulement. Hélas, il semblerait qu’il se soit trompé dans son athéisme, dans sa foi en l’absolument rien. Et peut-être même dans son nihilisme, le pauvre garçon, lorsqu’il aura repris conscience, sera furieux. Le bruit du vent siffle contre ses oreilles, et tandis qu’il ouvre faiblement les yeux, l’ouïe encore torturée par un bruit aiguë lui traversant les tympans depuis qu’il s’est suicidé. Chutant depuis sûrement très longtemps, il ouvre seulement maintenant les yeux. L’air l’attaque et le gifle tandis qu’il continue de chuter, ne voyant pas sa destination ; tout ce qu’il ressent, c’est le froid. Très lentement sa vision troublée commence à reprendre forme, comme s’il avait été ébloui par une lumière trop intense, voilà qu’il voit très au loin le sable et l’eau ; une plage ? C’est tout sauf londonien. Se remarque-t-il en lui-même, puis, le froid qu’il ne faisait que sentir se ressent. Il tremble et s’enlace entre ses propres bras, pour se réchauffer, à sa grande stupéfaction, il remarque qu’il ne porte pas de pull. Les sourcils froncés, il regarde vers son bas-ventre et constate dans un genre de gloussement de stupéfaction qu’il est nu. Son regard s’éloigne rapidement de son pubis et de son sexe, tandis qu’il regarde sa destination finale. Le sol. Daniel ne pense pas, il tombe d’une hauteur incommensurable et ne comprend pas ce qu’il se passe. Tout ce qu’il sait, dans cet instant, c’est qu’il ne veut pas mourir. Ironiquement. Les bras en croix devant son visage, il chercha à se protéger du mieux qu’il le pu et c’eut vraisemblablement été une bonne idée ; puisque lorsqu’il l’eau lui éclata au visage, les lois de la physique furent défiées et il ne fut pas liquéfié. Au lieu de mourir une seconde fois, il s’enfonça dans la mer et remonta avec difficulté, comme s’il avait oublié comment nager. Finalement, il sentit le sable contre ses pieds tandis qu’il nageait dans une direction au hasard, remontant lentement et difficilement à la surface. Daniel sortit de l’eau, ses cheveux comme sa peau et ses poils, complètement trempé, chose qu’il détestait par-dessus tout. Pas nécessairement gêné par sa nudité, il ne semblait pas pudique. Essoufflé en grande partie parce qu’il avait été surpris par la violente chute sous l’eau, il regardait autour de lui ; toujours sans la moindre chose pour couvrir son vît et son arrière.